Aquamation ou hydrolise alcaline : quand l’eau révolutionne les rites funéraires face à la crémation
Au milieu des rites funéraires ancrés dans nos traditions, des méthodes d’enterrement nouvelles voient le jour. L’aquamation compte parmi les procédés destinés à préserver l’environnement quand se referme la parenthèse de notre existence terrestre.
La crémation… par la liquéfaction
L’hydrolyse alcaline, nom scientifique désignant l’aquamation, est une technique consistant à dissoudre un cadavre dans une eau chauffée à 96 degrés. Au liquide de la solution s’ajoutent des carbonates, du sodium et du potassium pour faire disparaitre en quelques heures l’ensemble des tissus du corps.
L’eau est ensuite traitée par une filtration industrielle avant que les os du défunt ne soient broyés, transformés en cendres et déposés dans une urne funéraire. Ils peuvent aussi être utilisés comme fertilisants une fois réduits à l’état de poussière.
Brevetée pour la première fois en 1887 aux USA, cette technique est plus ancienne que d’autres procédés originaux, tels la promession, apparue au début de notre siècle. Sur le Vieux Continent, elle n’est permise que sur les animaux. Plusieurs pays anglophones, dont L’Australie, le Canada, l’Afrique Sud et certains États des États-Unis - notamment la Californie - l’autorisent comme pratique funéraire.
La pureté de l’eau, plutôt que la dureté du feu
Les scientifiques s’accordent à affirmer qu’une aquamation laisse une empreinte carbone divisée par dix en comparaison de la crémation. Au niveau de l’acceptation par les familles, les professionnels n’ont généralement aucune difficulté, la technologie hydraulique incarnant une image bien plus voluptueuse que l’incandescence des flammes.
Autre avantage, elle est environ deux fois moins coûteuse pour les familles. C’est aussi un procédé relativement peu dépensier pour une entreprise, ramené par individu. En revanche, rentabiliser l’investissement du matériel peut prendre un certain temps. Une machine à aquamation revient à 200 000 euros ou plus selon la rapidité du processus.
Desmond Tutu a popularisé l’aquamation
Relativement méconnue aux quatre coins du monde, la technique de l’aquamation a acquis une soudaine et certaine notoriété en janvier 2022. Desmond Tutu, prix nobel de la paix en 1984, a jeté son dévolu sur l’aquamation comme transfuge vers l’au-delà.
L’archevêque a sollicité au Cap la seule entreprise sud-africaine de pompes funèbres munie d’une machine à aquamation pour confier son corps à la technologie de l’eau.
Très concerné par la thématique de la fin de vie, Desmond Tutu avait été particulièrement marqué par « l’acharnement thérapeutique » dont Nelson Mandela avait fait l’objet quelques années plus tôt. Il dénonça alors « un affront » envers celui qui reçut, neuf ans après lui, la même distinction honorifique pour l’Afrique du Sud.
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