Humusation : la loi en France prête à autoriser sa pratique ?
L’humusation est la transformation du corps en humus sain et fertile. Cette pratique funéraire tranche avec l’inhumation et la crémation, les deux seuls rites traditionnels autorisés en France. La loi s’est pour l’heure toujours opposée à l’initiative de nouvelles perspectives.
Qu’est-ce qui compose l’humus ?
Le processus d’humusation consiste à décomposer un corps à l’aide de micro-organismes. Le jour de la sépulture, le défunt, enveloppé au préalable d’un linceul biodégradable, repose dans un cercueil végétal. Des copeaux de bois broyés, des fleurs, de l’eau de pluie mais aussi des feuilles mortes forment ce lit biodégradable dont la matière, chaude à l’état naturel, éloigne les nuisibles et élimine les pathogènes de l’organisme.
Trois mois après la mise en humusation, les os et les dents sont réduits en poudre et la manière minérale incorporée au compost en formation. Neuf mois plus tard, le corps du défunt, entièrement transformé, devient fertile pour regénérer la terre.
Pourquoi l’humusation engendre des contestations ?
Parmi les funérailles alternatives écologiques, l’humusation est le mode qui concentre l’ire des défenseurs du traditionnel. À titre de comparaison, peu de voix se sont fait entendre pour contester, début 2022, le choix de Desmond Tutu de recourir à l’aquamation.
Les amateurs de poésie font remarquer que l’on retrouve dans « humus » les mêmes racines étymologiques que dans « homme » et « humilité ». L’humain doit-il pour autant acquérir dans les mœurs des propriétés d’engrais organiques, à l’instar des animaux ?
Les détracteurs de la pratique évoquent une atteinte portée au respect dû aux morts. Plus loin dans les mots, d’autres assimilent le « compostage humain » à du « cannibalisme post-mortem ». Des cinéphiles renvoient même au film culte Soleil Vert et à ses barres de céréales éponymes qui s’avèrent, dans la révélation finale, être fabriquées à base d’humains euthanasiés. Question de culture et de religion, la société n’a pas fini de se diviser autour de cette pratique.
Aux Etats-Unis, l’humusation est légalisée depuis 2019 dans une poignée d’États. prix d’un cercueil est le facteur bénéfique à titre financier.
La France, elle, a timidement évoqué la question de recourir à l’humusation, mais les discussions au sein de notre hémicycle n’ont pas conduit à des avancées probantes.
En France, des tentatives avortées
En janvier 2023, La vice-présidente MoDem de l'Assemblée nationale, Élodie Jacquier-Laforge, a déposé une proposition de loi pour expérimenter l'humusation. Dans le texte soumis à l’hémicycle figurait l’extrait suivant :
Ce procédé, naturel et écologique, ne porte pas atteinte à la dignité, à la décence et au respect du corps humain. À l’image des cendres issues de la crémation, le statut juridique des particules peut facilement être défini. Secteur exigeant, les professionnels des pompes funéraires sont d’ores et déjà formés à la technique de la crémation et de l’inhumation.
Pour l’heure, cette proposition a reçu un point de non-retour, dans la continuité des précédentes tentatives. En 2016, la sénatrice Élisabeth Lamure avait interpellé le ministre de l’Intérieur pour connaître les intentions du gouvernement sur une potentielle législation de l’humusation.
Avis google