Pourquoi notre réaction face au décès d'un proche est-elle différente ?
Le deuil a un impact bien personnel sur chaque individu. Nous sommes tous confrontés à la perte d’un être cher et il nous faut passer par un torrent d’émotions, plus ou moins intenses et durables. Comment expliquer ces différences ? Les hommes et les femmes réagissent-ils pareillement face à la mort ?

Légitimer sa réaction
Parce que chaque naissance entraîne inéluctablement une disparition, le deuil n’épargne aucun foyer. C’est à ce succinct résumé que se limite la partie commune de nos expériences.
Le contexte, lui avant le reste, joue pour beaucoup dans la façon dont nous traversons notre processus de reconstruction. La proximité avec le défunt, l’âge de celui-ci, les circonstances de sa mort sont ainsi des facteurs déterminants.
Les interrogations ne se concentrent pas sur ce point, mais résident à travers les réactions parfois antinomiques de deux personnes dans la situation apparente d’un deuil similaire. Par exemple : deux frère et sœur d’un âge rapproché confrontés au décès d’un parent, ou bien un couple frappé par la perte d’un enfant.
Il est difficile de hiérarchiser une souffrance en observant à la surface le comportement de plusieurs individus. Selon sa personnalité, son vécu, ses antécédents familiaux, il ou elle va plus ou moins extérioriser sa tristesse, sa colère, son désemparement. Il est fréquent de ne pas être à l’aise à l’idée de partager ses ressentis avec un proche, voire un bon ami. Par pudeur, ou crainte de se montrer trop exubérant.
S’il est recommandé d’exprimer nos sentiments, à l’inverse, il ne faut pas se reprocher de les enfouir. Légitimer notre réaction face à la mort est important. Si on a l’impression de sous-réagir après une perte, c’est déjà faire montre de notre attachement pour la personne disparue. Surtout, déculpabiliser ses émotions.
Des associations de soutien pour le deuil sont prêtes à vous recevoir s’il est, pour vous, plus naturel de partager votre deuil avec une personne extérieure à votre environnement intime.

Comment les hommes et les femmes vivent leur deuil ?
Généralement, on attribue aux femmes une tendance à manifester plus facilement leurs états de souffrance ou de joie. On dit aussi des hommes qu'ils adoptent une position stoïque face au chagrin. Ces affirmations, quelque peu réductrices, correspondent-elles à un constat actualisé ?
Au sein du foyer, il est important de prendre en considération les différences et ne pas imposer à l’autre un changement dans son fonctionnement. Un homme, comme une femme, désire trouver sa propre voie pour panser ses plaies. Toutefois, il existe bien des distinctions entre les deux sexes dans leur façon de traverser une épreuve douloureuse.
Un homme est plus économe de ses mots, mais c’est moins le cas chez les jeunes générations. Par tradition, il porte la responsabilité de toute une famille, il se doit de la protéger. Montrer ses failles pouvait être perçu comme un aveu de faiblesse. Aujourd’hui, ce schéma est stéréotypé. Mais il reste vrai qu’un homme se réfugie dans l’action pour faire face à ses émotions.
Quant aux femmes, elles vont davantage solliciter leur conjoint ou des proches pour partager leur peine. Le deuil individuel est moins répandu que chez les hommes. La parole est une bonne thérapie, en petit comité ou à travers des groupes de parole associant des femmes touchées par une perte. Mais une femme privilégiera davantage le cercle familial, là où un homme se tournera vers un expert.
Au sein du couple, un homme et une femme doivent comprendre la position de l’autre et tendre à s’y approcher pour éviter les incompréhensions.

Célébrer la vie, plutôt que comprendre la mort
« La vie des morts consiste à survivre dans l’esprit des vivants ». Cicéron, grand orateur mais soumis lui aussi à des épisodes dépressifs, exprimait dans cette citation l’importance de vivre un deuil actif pour célébrer les personnes disparues.
Notre passage sur terre est impermanent, mais il nous est possible de perpétuer par la vie, la mémoire et l’existence d’un être cher. Dès l’étape des obsèques, des familles optent pour un enterrement personnalisé et animé, jusque dans le choix des fleurs (couleurs vives et non coupées, par exemple).
Réunir ses proches annuellement à chaque date anniversaire du décès est un levier d’action basique mais efficace pour traverser un deuil avec plus de douceur. L’occasion de se recueillir et organiser des festivités pour célébrer le défunt, plutôt que le pleurer.