Les métiers disparus du funéraire

Si le croque-mort n’est plus… dans sa nomination d’antan, le funéraire a su se réinventer. Des métiers ont cédé leur place à d’autres. Pour autant, certaines pratiques ont résisté au poids des années et au gré des civilisations.

Le plus vieux métier du monde

Quel est le plus vieux métier du monde ? La question, posée machinalement dans ces termes exacts, trouve une réponse toute faite. Nos ancêtres échangeaient il y a des milliers d’années de la nourriture contre des faveurs sexuelles. La pratique a aujourd’hui évolué, sans disparaître. Parmi d’autres professions millénaires que l’on alimente de notre vivant, à l’instar du boulanger, du boucher ou de l’agriculteur, les métiers du funéraire occupent une place de choix dans notre frise chronologique.

Comme les autres secteurs, il a connu moult transformations. Il s’est modernisé. Certaines attributions et certaines fonctions se sont effacées. Découvrez ci-dessous quelques-uns des métiers disparus du funéraire.

Les pleureuses

Les pleureuses

Le terme est quelque peu chambreur de nos jours. Pourtant, dans l’Antiquité, aussi bien en Egypte qu’à Rome, ces marchandes de chaudes larmes se déployaient en tête de cortège pour s’apitoyer en chœur devant le malheureux conduit au bûcher.

Les religions monothéistes ont réduit considérablement cette pratique au début du Moyen-Âge mais elle reste courante à des lieux épars de notre globe et peut s’avérer juteuse financièrement. Assimilée aujourd’hui à un manque de résilience, la pleureuse antique allait jusqu’à meurtrir sa propre chair pour parfaire son rôle de composition.

En Chine, elles répondent au nom de « Kusangren ». Ces professionnelles, très prisées, gagnent leur vie en spectacularisant le chagrin. La difficulté réside à jouer les équilibristes entre personnaliser leur hommage en donnant l’illusion que le défunt était un être cher, et éviter de pêcher par excès de sensationnalisme.

Plus près de chez nous, en Lituanie, des hommes sont rémunérés par les familles pour pleurer sur les tombes de leurs proches. En Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, des femmes sont elles aussi payées pour exprimer le regret d’un défunt qu’elles ne connaissent pas.

Les muets funèbres

De l’excentricité à la sobriété : les muets funèbres ont succédé aux pleureuses. Des hommes, seulement, se voyaient offrir par le défunt ou sa famille une rémunération pour assister aux obsèques.

Ce coup-ci, point de concert de désolation mais une simple présence muette, un visage contrit et l’affaire est dans le sac. Si l’on s’en tient au registre de la comédie, d’une cantatrice aguerrie aux salles d’opéra, un acteur digne des vedettes du cinéma sourd et muet remplissait parfaitement sa mission.

Les clocheteurs des trépassés

Les clocheteurs des trépassés

D’une allure et une tonalité toutes aussi lugubres que le prophète Philippulus dans l’aventure de Tintin « L’étoile mystérieuse », les clocheteurs annoncent la mort. À la différence du vieil homme exhortant la population à accepter le châtiment, l’annonce ne se veut pas prémonitoire mais revêt un caractère officiel.

Dès le XIIe siècle, le crieur, au titre d’officier municipal, informe en public et au timbre de sa voix le prix du vin et les cortèges funéraires. Deux siècles plus tard, « le crieur de vin » complète son étiquette et devient aussi « crieur de mort ».

Le terme de « clocheteur » équivaut au « crieur de mort » mais en campagne. Munis d’une clochette qu’ils agitent pour informer au plus grand nombre du décès d’une personne, ils sont rémunérés pour créer le raffut. Dans la capitale, deux tintements de clochette sont réservés à un défunt noble, un coup pour les roturiers.

L’imprimerie puis les colporteurs ont réduit au silence les clocheteurs.

Ordonnateur de convois funéraires

Assisté des brigadiers et sous-brigadiers, l’ordonnateur des convois funéraires avait la charge des services liés aux enterrements. Agissant sous l’autorité de l’Etat, il était responsable de la mise en bière, des fournitures et du bon transport du corps. Cette fonction désigne aujourd’hui le maître de cérémonie.

Pour les amateurs d’histoire curieux de poursuivre l’initiation, parcourez cet article consacré à l’étymologie des termes funéraires.

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